Pour l’ouverture de Paroles de Gameuse, notre
première invitée est la jeune co-présidente de l’association Zephyr Esport.
Une structure bien ancrée dans le gaming amateur français depuis presque une
décennie. Entretien avec Anaïs XANTIPPE alias Xhana.
ARNAUD :
Bonjour Xhana, peux-tu te présenter et nous expliquer ce qui t’a poussé vers le monde du eSport ?
XHANA :
Bonjour, je m’appelle Anaïs ou Xhana, j’ai 32 ans et je suis présidente de l’association Zephyr. J’ai fait mon premier pied dans l’eSport à 22 ans – il y a un peu plus de 9 ans donc – car j’étais joueuse de League of Legends.
J’aimais et j’aime encore jouer avec des gens. Il faut dire que s’intégrer dans la vraie vie, ce n’est pas facile pour tout le monde, notamment quand on est une femme.
Suite à cela, on a créé un petit groupe LOL entre amies filles et on a rencontré une équipe de mecs après, avec qui on s’est bien entendues. Donc on a décidé de concrétiser et ainsi de créer une association qui inclut un environnement mixte dès le début.
Quelles sont les missions, principes ou valeurs qui se rattachent alors à Zephyr Esport ?
La mission principale est de pouvoir offrir à n’importe qui – qu’importe son background ou son apparence – l’accès à l’association. Un collectif avec lequel il a l’opportunité de développer des compétences, et ainsi contribuer à un secteur où il y a encore peu d’emplois en France.
On a 7 équipes pour 70 membres, et toutes ces personnes bénéficient de la même notion d’inclusivité. Femmes, comme personnes en situation de handicap, ou ayant besoin d’encadrement dans l’univers de l’eSport.
C’est l’objectif numéro 1.
Tu me parlais tout à l’heure de mixité comme essence même de votre structure, qu’en penses-tu dans l’univers du gaming ?
Sur le papier, je pense que la mixité, c’est l’idéal pour les femmes. Mais, dans le courant actuel des choses, ce ne serait pas toujours la bonne solution.
Comprenez que certaines femmes, certaines joueuses à haut niveau, veulent se retrouver entre elles parce que c’est épuisant d’être confronté au sexisme, même subtile. Donc, au final, ça fait du bien de jouer entre femmes dans un environnement de confort.
La mixité dans l’univers du jeu vidéo est un objectif à long terme, oui, mais pas pour l’instant. Il faut penser, d’abord, à bien se comporter en société pour que les femmes se sentent pleinement en sécurité.
En tant que présidente d’association mixte, as-tu ressenti parfois une certaine différence de traitement quand il s’agissait d’une de vos équipes féminines ?
Honnêtement, non, je n’ai jamais ressenti de différences entre le monde masculin et féminin. Je n’ai personnellement pas eu de difficultés particulières à faire les mêmes choses.
Mais, certaines femmes d’autres clubs – amateurs comme professionnels – font encore face à des propos misogynes, et ça, c’est aussi en grande partie dû au leadership d’une association, donc la manière dont c’est pris au sérieux.
Le problème se situe plus en interne, finalement.
Xhana, as-tu un dernier message à nous transmettre ?
Et bien oui, justement, parlons-en de la responsabilité des présidents d’associations. C’est un rôle qui doit être pris bien plus au sérieux qu’il ne l’est aujourd’hui.
On ne peut pas les blâmer comme ça, parce qu’ils ne se rendent pas forcément compte, mais il faut que les représentants des différentes structures deviennent intransigeants quant au comportement à adopter en mixité.
Ne pas se dire que tels propos ou attitudes déplacés, ce n’est rien, ou que ce n’est pas grave : il faut traiter chaque situation inappropriée en appliquant un règlement juste et catégorique.
J’ai tenu à en introduire un dès le départ dans notre association, parce que c’est essentiel selon moi afin d’améliorer véritablement les choses.
Un grand merci encore à Xhana d’avoir partagé son expérience avec nous !
En lui souhaitant une bonne continuation ou – comme on dit – GL pour la suite.