Dans un monde où le gaming est un véritable moyen de s’évader pour les personnes en situation de handicap, leur en faciliter l’accès relève de l’intérêt sociétal. Une cause qui prend de plus en plus d’ampleur avec les années auprès des studios de jeux vidéo, des entreprises d’innovations et des associations.

En 2020, la société Be Player One réalise une étude sur 331 joueurs français, porteurs de handicaps. Résultat : 69 % sont freinés dans leur accès au gaming, 22 % sont complètement bloqués. Près d’1 joueur sur 5 finit même par abandonner face aux nombreuses difficultés.
Et dans le monde, ce sont plus de 9 personnes porteuses de handicap sur 10 qui font face à des difficultés afin de pouvoir jouer aux jeux vidéo encore en 2023, selon le fondateur de PlayAbility, Valentin Squirelo pour Maddiyness.
Des statistiques alarmantes, longtemps déconsidérées par les studios et concepteurs de matériel, et désormais prises au sérieux depuis quelques années.
Accéder au numérique, la première étape
« Le jeu en ligne m’a aidé à créer des liens sociaux. Il m’a permis de prendre confiance en moi à une époque difficile où la vie réelle me mettait des coups. Ma carrière en tant que professionnel a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. »
Des mots forts venant de Jérémy Lecerf – alias MrGyzmoTV sur Twitch – un streamer atteint de myopathie.
Et ça, l’hôpital de Bordeaux, par exemple, l’a bien compris. Depuis 1995, il montre la voie en utilisant les jeux vidéo comme traitement thérapeutique afin de lutter contre l’exclusion sociale, la dépression et favoriser le quotidien des personnes atteintes d’autisme, de dyslexie, voire victimes d’AVC.
Et les résultats portent leur fruit, puisqu’ils fournissent un objectif ludique aux patients.

L’aspect pédagogique concernant la question de l’accessibilité aux jeux vidéo pour les personnes atteintes de handicap est également un facteur important. En effet, la communication étant à la base de tout, Jeremy Lecerf en témoigne. Lui qui – au-delà de son travail de streamer – intervient également dans les écoles et propose des conférences autour du jeu vidéo.
L’objectif ? Sensibiliser, partager et proposer des solutions.
« Je me souviens qu’une fois, je faisais un stand d’accès au numérique et à un moment, j’ai fini par avoir tous les enfants avec moi. On échangeait sans tabou sur le handicap tout en jouant tous ensemble, c’est un très beau souvenir. »
Vers quelles associations se tourner ? (en France) – Cap Game : association dont le but est de faciliter l’accès aux jeux vidéo pour ceux en situation de handicap, et ainsi l’inclusion sociale. Elle œuvre aussi dans l’accompagnement personnel et la recherche technologique. – Handigamer : association qui sensibilise au handicap, soutient ses adhérents et créé / anime des événements. – APF France Handicap, projet « Game Access » : association qui offre aux personnes porteuses de handicap l’opportunité notamment de s’exprimer et de développer des liens sociaux au sein de sa communauté. |
Du matériel de plus en plus sophistiqué
Handi Joystick. C’est la première manette conçue pour les personnes en situation de handicap, et elle voit le jour en 2019.
Bien qu’elle soit de très bon usage pour l’époque avec un système de joysticks adaptés, Handi Joystick n’était pas donnée pour tous puisqu’elle coûtait la modique somme de 1 910 euros. Un frein financier évident pour la majorité des joueurs concernés.
Des années après – en 2023 précisément – ce sont les grosses industries qui ont pris le relais, réduisant drastiquement le prix du matériel de jeu au passage.
On pense évidemment aux géants Microsoft et Sony, respectivement en janvier et décembre de l’année, qui sortent leurs ensembles de manettes adaptées à 89,99 euros ! Leurs noms ? XBox Adaptive Controller et project Leonardo.
Du matériel proposé par les deux entreprises qui s’avère dans les grandes lignes similaire et surtout efficace, conçu sur le principe du montage / démontage de la manette selon le handicap en question. En somme, tous les périphériques externes – comme les boutons, les joysticks et les commutateurs – sont connectés ensemble et peuvent être permutés si besoin.
Bien que vendus séparément, des appareils de contrôle fonctionnels prise jack 3.5 mm vers USB pour le pad et les gâchettes sont également disponibles.


Manettes spécialisées Xbox et PlayStation
Au niveau national, la start-up Be Player One, fondée par Maxime Viry, et l’application mobile PlayAbility, de Valentin Squirelo, misent sur l’intelligence artificielle : la technologie du futur.
Plutôt que d’utiliser une manette – même sophistiquée – qui peut toutefois s’avérer contraignante selon le handicap, le joueur performe en passant par la reconnaissance faciale et vocale. Quelques paramétrages des boutons et des déplacements en fonction des actions du visage et le tour est joué.
Un véritable atout en remplacement des manettes spécialisées !
Des solutions sensorielles et cognitives
Évidemment, pendant que le matériel de jeu évolue avec les années pour répondre aux attentes des personnes en situation de handicap, les jeux vidéo aussi conçoivent des alternatives in-game. Si la possibilité de changer la vitesse, la sensibilité, la luminosité d’un jeu est un outil qui perdure dans les jeux vidéo, il n’en reste pas moins certaines limites qui tendent, de nos jours, à se franchir.
En effet, les créateurs de Street Fighter, The Last of Us ou même Far Cry – pour ne citer qu’eux – ont su adapter certains de leurs opus et proposent aujourd’hui un gameplay accessible aux personnes non-voyantes, sourdes ou malentendantes, sans frais supplémentaires. Tout ceci en implantant bon nombre de spécificités visuelles ou sonores : grossissement des sous-titres et des éléments d’interaction, accentuation des sons, apparition à l’écran des dialogues, etc.
Les concepteurs du jeu vidéo Doom pensent aussi aux personnes avec des troubles cognitifs, en affichant à l’écran des rappels de l’intrigue et en mettant en lumière les éléments importants. Une tentative réussie afin de guider le joueur tout au long de son aventure.
Malgré tout, il reste encore du travail à faire, notamment côté logistique.
« Le matériel de jeu est de plus en plus accessible et le gameplay également, mais c’est en considérant que l’on reste chez soi. Dans mon cas, lorsqu’il s’agit de se déplacer à un événement, il y a toute la partie fauteuil roulant, accessibilité sur place, frais financiers, etc. qui pose un énorme frein », précise le streamer français.
Sources :
https://gameher.fr/blog/les-effets-des-jeux-video-sur-le-handicap
https://www.maddyness.com/2022/02/07/be-player-one-jeux-video-handicap/
https://www.playstation.com/fr-fr/accessories/access-controller/
https://www.xbox.com/fr-FR/accessories/controllers/xbox-adaptive-controller
https://bluelinea.com/le-mag/acces-aux-jeux-videos-handicap-les-bienfaits